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Lettre No 48

Mai 2018

Chères Amies, chers Amis,

Lors de notre séjour en Equateur, nous avons effectué plusieurs observations du travail à la Maison des Enfants à Cotacachi que nous souhaitons partager avec vous.

Rappelons que le foyer, qui n’est nullement une garderie, reçoit 2 fois par semaine les familles que la Fondation AMI suit dans les communautés de Cercadao et San Pedro, accompagnées de leurs enfants non scolarisés. Une à trois fois par semaine, les enfants peuvent venir seuls. AMI assure leur transport par bus, de leur domicile au foyer et retour. En moyenne, une cinquantaine d’enfants et mamans sont suivis au foyer chaque semaine.

Nous avons assisté, en début de matinée, à l’arrivée de mamans vêtues de leur costume traditionnel et de leurs enfants. Une collation leur est servie après laquelle ils s’égaillent dans le jardin où sont rangés tricycles, petites brouettes, camions, pelles, seaux, arrosoirs, entonnoirs, cerceaux et autres jouets. La maison leur est également ouverte avec d’autres types de jeux ou jouets, allant des poupées et peluches aux déguisements, en passant par les puzzles et autres matériaux à assembler, empiler, aligner…Nous avons pu observer que certains enfants se regroupent pour jouer alors que d’autres préfèrent une activité indépendante. Ils s’épanouissent en toute autonomie, sous le regard de leur maman, mais sans son intervention. Ils doivent respecter certaines règles permettant une coexistence harmonieuse ainsi que le matériel mis à disposition. Ils deviennent capables de prendre des décisions, de tester les limites, de créer.

Ces journées sont, pour les mamans, un moment de paix et de tranquillité. Elles ont enfin du temps pour elles ainsi que pour observer leurs enfants, apprendre à les comprendre et apprécier leurs progrès. Elles prennent conscience de leur responsabilité de mère. Elles peuvent partager leurs expériences et leurs préoccupations entre elles et, si elles le désirent, demander conseil à María ou aux soignantes. Elles disposent de tout le matériel leur permettant de coudre des vêtements ou des couvertures pour la famille. Elles découvrent le plaisir de commencer et de terminer une activité sans interférence. Nous les avons admirées, regroupées sous un arbre, réalisant avec dextérité de beaux ouvrages entièrement à la main.

Les mamans collaborent au travail de la fondation : elles doivent fournir des vêtements de rechange et apporter une contribution alimentaire. Elles nous ont invités à leur repas de midi constitué de plats préparés chez elles et mis en commun, que la cuisinière du foyer complète par des légumes du potager d’AMI et un peu de viande. C’est un moment de partage privilégié pour ces familles qui en vivent rarement chez elles, que ce soit par manque de mobilier, de vaisselle, de nourriture ou de disponibilité.

Lorsque les enfants viennent seuls, ils peuvent s’exprimer avec encore plus de spontanéité et d’indépendance, les expériences qu’ils peuvent réaliser accroissent leur confiance en eux et leurs échanges avec les autres, fortifiant ainsi leur autonomie. Ils font l’apprentissage de la vie en groupe, acquièrent peu à peu la notion de respect, le sens de la propreté en général ainsi que de l’hygiène.

Le travail effectué à la Maison des Enfants se combine avec le soutien apporté au domicile. Les enfants deviennent finalement le vecteur d’un changement, lent mais néanmoins perceptible, dans le quotidien de ces familles au sein de leur communauté. Une diminution de la violence intrafamiliale, quelques aménagements simples pour les enfants, une plus grande propreté corporelle et vestimentaire ont déjà été constatés.

Les graines semées germent, elles donneront des plantes grimpantes aux fruits prometteurs !

Nous vous souhaitons un beau printemps et vous adressons toutes nos amitiés.

 

Antoinette et André